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SOUS LE RÈGNE DE FRONTENAC

Je m’en doutais, pensa le gouverneur. Néanmoins il demanda :

— En êtes-vous bien certain ?

— Absolument certain, Excellence.

— C’est bien ; merci !

Cette dame DeBoismorel, âgée à peine de 26 ans, veuve d’un officier français, mort, l’année précédente, en Acadie, au service du roi, était une des plus jolies femmes de la Nouvelle-France. Mais ses grands yeux noirs, où brillait souvent une lueur étrange, exprimaient la méchanceté et l’ambition effrénée de son cœur.

Du fait que la comtesse de Frontenac n’avait pas suivi son mari au Canada, elle déduisait que les deux époux se détestaient mutuellement. Elle espérait, par ses dénonciations calomnieuses, provoquer entre eux rien de moins que le divorce et ensuite devenir l’épouse de l’illustre gouverneur.[1]

  1. Elle se trompait en croyant que Frontenac pourrait obtenir légalement le divorce, car cette loi maudite ne fut adoptée en France qu’en 1792, après la révolution.