joie délirante succédèrent bientôt l’angoisse et la douleur. Car, n’ayant pas d’aviron pour conduire notre barque, ni de nourriture pour nous soutenir en attendant des secours peut-être trop tardifs, qu’allions-nous devenir ? Nous regrettions presque de n’avoir pas été engloutis avec tout l’équipage de l’Hirondelle…
« Oh ! que de souffrances morales et physiques nous avons endurées depuis le naufrage ! Il est plus facile de les imaginer que de les décrire.
« L’autre jour, dans un moment de désespoir et de folie, l’un des matelots voulut se suicider ! Nous eûmes toute la peine du monde à l’empêcher de commettre cet acte indigne d’un brave et d’un chrétien.
« Enfin, hier, mes deux compagnons d’infortune que je vois étendus à mes pieds, les yeux grands ouverts et tournés vers le ciel, sont morts de froid et de faim !