Page:Capelle - Heures de prison.djvu/24

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IX

Ce matin, vers trois heures, la fille du concierge du Palais est venue m’éveiller. Selon son habitude, elle s’est mise à genoux près de mon lit, et, sans parler, elle a versé son plein tablier de fleurs sur mon couvre-pied.

— Je vous attendais ; merci, ma bonne Mariette, ai-je dit à l’excellente fille en lui passant autour du cou un petit bijou que je désirais lui laisser. Vous resterez ici jusqu’au moment du départ, n’est-ce pas ?

— Rester ? Impossible, ma chère dame ! s’est écriée Mariette en se relevant tout en larmes ; je suis venue de bonne heure pour m’en retourner vite, après vous avoir fait mes adieux.

— Ne me quittez pas encore, Mariette ; vous aiderez Clémentine dans ses apprêts, et vous m’habillerez une dernière fois.

— Je ne peux pas rester… Mais, voyez, j’en suis contristée et marrie.

— Votre père a donc besoin de vous ?

— Oh ! ce n’est pas pour ça…

— Alors, pourquoi me refuser ?

— Je vais vous le dire, madame. Devant le monde^je n’oserais pas vous embrasser, et… le bonheur des autres me rendrait jalouse.

— Si vous n’osez pas m’embrasser, pauvre Mariette, j’oserai pour deux.

— Non, non, ma chère dame, et c’est parce que j’attendais cela de vous que j’ai eu le courage de vous désobliger en quelque chose. Votre main !… vos deux mains dans la mienne !… Maintenant, si ce n’est pas trop prétendre, sou-