Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/111

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« Mon cher, j’ai trompé Verugna avec toutes ses maîtresses, je ne vais pas faire une exception pour Joséphine, qui est une des plus gentilles. »

Emma répliqua…

— Dame ! si c’est son idée, à ce garçon !

Elle fut mécontente d’avoir été obligée de dire un mensonge à son mari : non pas qu’un mensonge choquât sa conscience, mais cela complique la vie, vous embarque dans des histoires où l’on se perd. Il faut inventer, chercher, se creuser la tête. Elle n’aimait pas les contrariétés. Afin d’éviter des désagréments inutiles, elle avait été jusqu’à présent d’une franchise absolue, et Farjolle n’ignorait rien de son existence.

Elle prévit que son intrigue, quoique à peine ébauchée, allait la contraindre à modifier ses habitudes et elle resta soucieuse. Au rendez-vous suivant, elle se montra maussade avec Velard et ne lui permit pas de l’embrasser. L’amoureux, tout mortifié, ne comprit pas. Pourtant cette brouille ne dura guère. Velard était si docile et se prêtait si bien à ses fantaisies !

Elle pensait à Joséphine.

« Sont-elles assez maladroites, ces dindes-là ! Risquer leur position pour embrasser un homme entre deux portes. Qu’est-ce qu’elle deviendrait donc si Verugna la lâchait…? Elle, si jamais elle se décidait à tromper Farjolle, ce serait pour passer le temps, pour se distraire. Personne ne serait dans la confidence, ne la soupçonnerait jamais. Ça ne l’empêcherait pas de surveiller son ménage, d’aider son mari à sortir de la position précaire où ils se trouvaient. L’avait-elle assez bien préparé, le petit ? en avait-elle assez fait un amant attentionné, commode ? Dans ces conditions-là, on ne risque