Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/136

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naux boulevardiers, on lui attribua des mots qui n’étaient pas de lui, mais qu’il avait approuvés.

Des personnalités telles que Letourneur lui montraient de l’estime, et parmi les courtiers, agents d’affaires, boursiers de toute espèce, qui le soir prennent le nom de Tout-Paris des premières, on le considérait comme quelqu’un.

Emma s’ennuyait au théâtre, autant que son mari. Elle y venait en toilette fort simple, tandis que Joséphine et Noëlle, la maîtresse de Moussac, étalaient une élégance souveraine. Noëlle, qui était d’une extrême sévérité envers les autres femmes et qui critiquait leurs costumes en termes dédaigneux, lui prodiguait les compliments les plus flatteurs, rassurée sur la concurrence par la réserve et la modestie d’Emma. Elle la plaçait à son côté dans la loge de face qu’elle occupait.

Moussac et sa maîtresse, juges très difficiles en matière de théâtre, ne se gênaient guère dans leurs appréciations. Ils déclaraient, d’une voix péremptoire, devant leurs amis et connaissances, que la pièce était ridicule et les acteurs mauvais. L’opinion de Moussac et de Noëlle avait une grande importance dans une salle de première.

L’attitude de Joséphine, au milieu de ces solennités parisiennes, n’était pas moins remarquable. Quoiqu’elle ne possédât que le peu de littérature qui pénètre dans l’intérieur des boutiques de blanchisseuses, l’entourage de Verugna disait qu’elle avait un esprit « original et prime-sautier ». Un soir, de grands éclats de rire qui partaient de la loge du directeur de l’Informé, troublèrent un instant la représentation. Joséphine, en montrant un acteur, avait chuchoté