jolle. Je ne vais pas faire la bégueule, lorsque Moussac et Verugna se montrent avec elles, publiquement. Mais vous-même, mon cher, vous les connaissez joliment, ces femmes. Elles vous appellent : « Mon petit Velard ! »
Velard, résigné, dit :
— C’est vrai, on est forcé de fréquenter tous ces gens-là.
Depuis que Farjolle s’occupait de l’affaire Griffith, Emma n’allait plus chez le petit que deux ou trois fois par semaine. Non qu’elle fût mécontente ou désenchantée, mais deux ou trois visites par semaine à son amant lui paraissaient une débauche suffisante pour une personne raisonnable. Tous les jours, c’eût été une autre existence mêlée à son existence ordinaire, la contrariant, la compliquant ; de cette façon, son intrigue se bornait à des promenades de deux heures aux Champs-Élysées. Elle n’y songeait plus en rentrant à la maison, dans l’intérieur de son ménage.
Cependant Velard l’aimait uniquement, avec un désir continuel de la possession. Pour la première fois un homme l’aimait ainsi : les trois qui avaient précédé Farjolle étaient des êtres vulgaires, un commis de magasin, un employé de banque, un chef de bureau du ministère, légèrement abruti. Elle se les rappelait vaguement, sans émotion, ni plaisir, ne gardant d’aucun d’eux une sensation d’amour.
Après eux, Farjolle. Farjolle, elle ne voyait plus sa vie séparée de lui. Toute peine de Farjolle lui était douloureuse et leurs joies étaient communes. Elle n’éprouvait pourtant aucun remords à le tromper. Mais plutôt que de lui causer le moindre tourment, de l’agiter du