Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/179

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— Un instant, peut-être. J’ai deux ou trois fournisseurs à voir.

Dans la rue, Farjolle constata que ses idées étaient embrouillées. Non, certes, il ne soupçonnait pas sa femme, et cependant une sourde inquiétude l’envahissait. Rien ne lui paraissait naturel, depuis hier, et pourtant aucun détail ne l’avait frappé, ni un geste ni un coup d’œil. Velard était parti de son côté, leur serrant la main cordialement, comme à l’ordinaire, avec un : « Au revoir, mes amis. » Emma avait répondu : « Au revoir, Monsieur, à bientôt. »

— C’est de l’obsession. Ce sacré Brasier me payera cette blague-là !

Il regarda sa montre. Une heure et demie. Il combina l’emploi de son temps jusqu’à six heures. Des clients à voir, un rendez-vous avec un imprimeur pour établir le compte des frais d’un journal comme celui qu’il voulait créer ; un devis à dresser.

— Ne nous occupons plus de cette histoire idiote, et travaillons.

Mais sa tête se troublait. Il eut un mouvement d’impatience, presque de colère. « Il faut absolument que je sache à quoi m’en tenir ! »

Cette résolution le calma un peu.

« Oui, par un moyen ou par un autre, je le saurai. Je suis sûr qu’Emma ne me trompe pas. Il me reste à le vérifier d’une manière évidente qui me satisfera complètement et me délivrera de cet énervement continuel. Comment ? C’est très simple. »

Il descendit la rue de Clichy, à grands pas.

« Oui, c’est très simple. Supposons qu’Emma me trompe avec Velard. Dans ce cas, où se rencontrent-ils ?