Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/200

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deux pièces qu’il meubla convenablement. Sur la porte, une plaque de cuivre portant ces mots : la Bourse indépendante, compléta l’installation.

Les frais que nécessite un journal de ce genre étant peu considérables, — il y en a trois cents à Paris dont les propriétaires n’ont pas un sou vaillant, — Farjolle y suffit largement avec le produit de l’affaire Griffith qu’il risqua, du consentement d’Emma. D’ailleurs, il eut tout de suite, par ses relations, des « mensualités » de Letourneur et des principaux établissements de crédit de la capitale. Verugna inséra dans l’Informé une réclame pour lui.

« Notre confrère M. Farjolle, un Parisien bien connu, vient de créer un journal financier : la Bourse indépendante sur des bases complètement nouvelles, etc. »

Quoiqu’il se fonde et qu’il meure chaque semaine à Paris plusieurs journaux financiers, grâce à cette réclame et à la personnalité sympathique de Farjolle, le premier numéro de la Bourse indépendante ne passa pas inaperçu dans le monde des affaires. Son directeur fut chaleureusement félicité au cercle, et l’administration prit un abonnement.

Les débuts de Farjolle coïncidèrent avec la débâcle de Selim, un boulevardier très aimable, très obligeant et très bon garçon. Selim n’avait pas d’autre profession que de fonder des feuilles financières les unes après les autres. Il les tirait à cent mille exemplaires, se mettant à la disposition de ses clients pour exécuter leurs ordres de Bourse, indiquant le moyen sûr de gagner, et les répandait en province. De temps en temps, des capitalistes imprudents lui confiaient des fonds et des valeurs pour des opérations de Bourse. Selim jouait avec, rem-