Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/203

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ne pas être obligés de donner des détails sur leur brouille. Brasier pourtant la soupçonna :

— Vous paraissez en froid avec Velard ?

— Moi, répondit Farjolle, pas du tout. Nous nous sommes vus beaucoup, lors de l’affaire Griffith que nous menions ensemble ; nous nous voyons plus rarement aujourd’hui. Nous n’avons aucune raison d’être fâchés.

Le premier mois de la Bourse indépendante amena de bons résultats. Farjolle empocha un millier de francs de commissions sur des ordres que lui donnèrent des clients. Pour son propre compte, il risqua le peu qui lui restait du gain du Cirque anglo-français, deux mille francs environ, sur une valeur que lui indiqua Verugna et, d’une liquidation à l’autre, les doubla. Une seconde opération réussit encore, et il reconstitua très rapidement une douzaine de mille francs.

Il ne se dissimula pas que s’il n’avait manœuvré que sous sa propre inspiration, ces bénéfices lui eussent échappé. L’expérience de la spéculation lui manquait, tandis que Verugna possédait, outre l’expérience, des renseignements de première main grâce à sa situation de directeur d’un journal aussi puissant que l’Informé, et à la force d’un capital considérable.

En le suivant, Farjolle jouait avec de belles chances.

— Marchez, je me confie à vous entièrement. Je n’ai pas d’ambition, je ne tiens qu’à une chose : gagner quelques sous, par-ci, par-là, grâce à vos indications.

— Tu gagneras de l’argent, mon vieux, je te le promets.

Malgré une sympathie apparente, l’égoïsme transcendant de Verugna ne faisait pas une exception pour