Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/221

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— Qu’y a-t-il pour votre service, mon cher commandant ? dit Farjolle.

Baret prit une chaise, s’assit près du bureau et soupirant :

— Décidément, je suis inguérissable.

— Vous êtes malade ?

— Je suis inguérissable… du jeu.

Farjolle le regarda fixement.

— Eh bien ?

— Eh bien ! j’ai réfléchi. La dernière fois que vous m’avez vu, au cercle, il y a quelques jours… je jouais au bésigue, n’est-ce-pas ?

— Oui. Vous avez perdu cinquante francs, après ?

— Mon ami, toutes les fois que je joue au bésigue, je perds ; à l’écarté, je perds aussi ; au piquet également.

— Ne jouez plus à aucun jeu.

— Que voulez-vous que je fasse ? Je n’ai pas d’occupation… Et puis, je suis joueur, là, je l’avoue… Je suis horriblement joueur.

Farjolle, un peu pâle, se pencha sur son bureau.

— Alors ?…

Le commandant, de plus en plus affecté, continua :

— Vous m’avez donné des conseils d’ami, vous et Brasier, et je vous en serai éternellement reconnaissant. Mais c’est plus fort que moi…

Il se leva et se promena dans la pièce :

— Ah ! mon cher Farjolle, le système de d’Alembert est une invention admirable, vous avez beau dire. Tenez, depuis que j’ai renoncé au baccarat, je le joue mentalement, ce système… Je me promène autour de la table de baccarat et je marque les coups gagnants