Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/224

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épuisé ma guigne, j’en suis sûr. Si j’avais mes fonds à ma disposition, j’aurais été capable de m’emballer. Au revoir, mon cher, à après-demain.

Farjolle ferma son bureau, incapable de travailler sérieusement et descendit sur le boulevard. Aller demander cinquante mille francs à Verugna lui paraissait maintenant une démarche délicate. Il étudia bien la question. Sous quel prétexte ? Avouer la situation grave où il se trouvait, c’était impossible. Non pas que Verugna fût un moraliste sévère ; mais il était de ces gens qui ne reculent pas devant une vaste canaillerie, devant un grand chantage, et qui sont impitoyables pour les pickpockets. Or, il n’y avait pas à se faire d’illusion là-dessus : la conduite de Farjolle vis-à-vis du commandant constituait un abus de confiance caractérisé, une escroquerie.

« Il n’y a pas à dire, pensa Farjolle, j’ai commis une escroquerie. Suis-je assez serin ! »

Il alluma un cigare, et continua sa promenade, donnant çà et là, le long du boulevard, une poignée de main à quelque ami. Il était furieux contre lui-même « Un serin, un vrai serin ; si cet imbécile de commandant ne tenait pas ses fonds après-demain, il serait capable d’un esclandre ; peut-être porterait-il une plainte. Les joueurs sont si exigeants ! »

Justement depuis six mois, le Parquet s’était occupé d’un tas d’affaires de ce genre-là, et, pas plus tard que la semaine dernière, on avait encore arrêté Bachelard, le directeur de la Finance familiale. Farjolle heureusement n’en était pas là. « Ce serait malheureux avec mes relations et ma réputation de ne pas trouver cinquante mille francs sur le pavé de Paris. Verugna doit