Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/276

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Letourneur se servait juste des mêmes expressions que Velard : « Ces cinquante mille francs sont à votre disposition… »

— Je ne vous demande pas si vous acceptez… Vous commettriez, en refusant, une bêtise encore plus grande que celle de Farjolle… D’ailleurs j’ai une autre… proposition à vous faire.

Il se remit à marcher dans son cabinet, s’arrêtant parfois devant Emma et la regardant. Elle fut sur le point de lui dire : « Je les ai, les cinquante mille francs ! » Mais elle sentit que ce serait une maladresse, une faute.

— Il y a un fond de vérité dans ce que vous a dit Moussac, pourtant. Il ne faut pas vous figurer que Farjolle, acquitté, sera porté en triomphe. Avant quelque temps il ne pourra guère rentrer dans les affaires. Comment gagnera-t-il sa vie ?

Emma n’avait pas encore songé à cela, absorbée par les graves soucis du moment.

— Nous ferons comme nous pourrons, balbutia-t-elle. L’important est de le sauver.

Letourneur tourna autour de la grande table couverte de papiers, les remuant distraitement, sans parler. Une vive curiosité empoignait Emma. Enfin le banquier se rassit auprès d’elle.

— Écoutez-moi bien, Madame… Ne m’interrompez pas, ne protestez pas, ne vous… indignez pas. Vous donnerez votre opinion après.

Elle fit un geste avec son manchon et releva sa voilette.

— Je vous ai dit que je vous trouvais charmante, et vous me… plaisez, vous me plaisez beaucoup, plus qu’aucune femme que je connaisse… Vous me rendrez