Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/292

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comme vous ; seulement je tâcherai que le sacrifice ne soit pas trop… douloureux.

Emma ne sut quoi répondre. Letourneur continua :

— Ce qui me consolera de vous faire… souffrir…

Elle eut un petit geste de protestation.

— Oui, ce qui me consolera, ce qui m’enlèvera mes… remords, c’est le plaisir que vous aurez à vous trouver bientôt indépendante, hors d’ennui… Ma mauvaise action aura eu un bon résultat.

En souriant, elle dit :

— Oui, c’est vrai.

Il s’approcha d’elle, et la saisissant doucement par la taille, l’embrassa à l’oreille. Elle fronça les sourcils sous cette caresse et ses lèvres devinrent sèches. Alors Letourneur lui enleva son chapeau et la baisa sur la figure et sur les cheveux, sans violence. Il lui disait des mots d’amitié, de dévouement tendre, pour écarter la répugnance qu’il devinait.

Emma, par un effort de volonté, s’abandonna d’une façon gracieuse, plutôt comme une femme qui succombe que comme une femme qui obéit. Letourneur éprouva une sensation inattendue et profonde.

Il la supplia de rester à dîner avec lui à l’hôtel :

— Emma, faites cette journée unique dans ma vie et inoubliable… Ne me quittez pas tout de suite… Passez la soirée avec moi.

— Je suis bien émue, répondit-elle, j’aurais besoin d’être seule.

— Dînez seulement ici, vous partirez après dîner.

Elle finit par y consentir, et ils mangèrent en tête à tête ; Letourneur lui raconta des histoires pour la distraire et elle écoutait attentivement pour ne pas réflé-