Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/309

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gna et Brasier étaient cités comme témoins à décharge par la défense ; d’autre part, on pouvait compter sur une bonne déposition du commandant. Farjolle avait écrit à sa femme une lettre pleine de confiance. Emma combina sa journée : rester aux environs du Palais, dans un café, par exemple, en attendant Farjolle, n’était pas pratique. Mieux valait ne pas bouger de chez elle, quitte à ne le revoir qu’un quart d’heure ou une demi-heure plus tard. Elle le guetterait par la fenêtre.

La nuit qui précéda la comparution, Farjolle eut un sommeil agité. Il se réveilla deux fois, croyant être condamné au maximum de la peine ; néanmoins, le matin, ses idées étaient nettes et toute appréhension avait disparu. Il trempa sa tête dans l’eau, peigna ses cheveux et s’habilla avec soin. À dix heures, il fit une promenade sur le préau, seul par faveur, en fumant une cigarette. Le surveillant le complimenta sur sa bonne mine, car Farjolle était vu à la prison d’un œil favorable par les autorités. Après déjeuner, on vint le chercher pour monter dans la voiture cellulaire. Il faisait le temps lumineux et frais des premiers jours d’avril. À travers les barreaux de la fenêtre, le grouillement des passants intéressait Farjolle. Il se dit : « Je vais pouvoir me dégourdir un peu les jambes tout à l’heure. » Il repoussa avec énergie l’idée d’une condamnation. « Non, ce n’est pas possible… Il me faudrait revenir dans cette voiture… ce ne serait pas drôle. »

Au Palais de Justice, il sauta à bas de la voiture, traversa rapidement les corridors, suivi d’un garde de Paris, et fut introduit dans la salle des prévenus.

Bientôt la porte donnant sur la chambre correctionnelle s’ouvrit et il entendit tout à coup un bourdonnement