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Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/62

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dans sa boutique, rue des Martyrs. Je demeurais vis-à-vis avant mon mariage.

Joséphine, très étonnée, balbutia simplement :

— Oui.

— Vous êtes marié, vous ? fit Verugna.

— Et j’ai même épousé la patronne de la blanchisserie où Mlle Joséphine travaillait.

— C’est vrai, affirma Joséphine, il a épousé la patronne.

Verugna, à ces mots, fut pris d’un accès d’hilarité indescriptible. Il ne pouvait plus se retenir, tant il était joyeux de cette révélation, et il jetait dans la salle silencieuse du restaurant des éclats de rire sonores. Des dîneurs s’arrêtèrent pour le regarder, et le patron passa sa tête à travers la porte.

— Vous avez épousé la patronne de Joséphine ? Oh ! oh ! c’est exquis, très drôle ! Vous avez joliment bien fait… Oh ! oh ! oh ! Tu me plais beaucoup, décidément !

Joséphine pensa que Verugna manquait de tact et froissait Farjolle. Celui-ci, au contraire, riait de bon cœur, et le dîner se termina d’une façon gaie et cordiale. Le directeur de l’Informé continua de tutoyer le courtier qui ne cessa de lui parler respectueusement. Il l’appela cependant Verugna tout court.

Ils allèrent au spectacle, puis souper. Farjolle rentra chez lui à deux heures du matin.

Il traversa rapidement la salle à manger et pénétra dans la chambre, éclairée par une bougie placée sur la table de nuit. Emma était couchée, elle lisait. Farjolle, avec une légère appréhension, s’avança vers le lit et embrassa sa femme au front.