Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/68

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le teint et, avec ses yeux noirs, composait une physionomie plus distinguée, plus attirante. Même elle observa qu’elle portait mieux la toilette et que, maintenant, dans la rue, les passants la regardaient davantage.

La semaine qui suivit, une voiture à deux chevaux s’arrêta avenue de Clichy, à leur porte. Une dame vêtue d’un manteau de loutre demanda Mme Farjolle à la concierge. C’était Joséphine qui venait embrasser la patronne. Elle manifesta une joie immense et Emma la reçut cordialement.

— Êtes-vous heureuse, patronne ? interrogea Joséphine. Ça vous est égal que je vous appelle patronne, entre nous ?

— Appelle-moi donc Emma, simplement. Je suis très heureuse : tu sais que je ne souhaitais pas les falbalas, le luxe. Et toi ?

— Oh ! moi, c’est un rêve. J’ai des chevaux et deux voitures.

— Il est gentil avec toi, ton amant ?

— Extrêmement gentil. Mais vous êtes changée, vous ? Qu’est-ce que vous avez ?

— Je suis teinte, répliqua Emma en souriant. Trouves-tu que ça me va ?

— Écoutez, patronne — je ne peux pas vous appeler Emma, c’est plus fort que moi — depuis quelque temps, j’en vois des femmes chics, des femmes qui ont des hôtels… Eh bien ? ma parole, il n’y en a pas une qui vous arrive à la cheville. Vous êtes cent fois mieux.

Ce compliment lui fit plaisir, intérieurement.

— Sais-tu que j’ai vingt-neuf ans passés ?

— Vingt-neuf ans ? s’écria Joséphine. En voilà une affaire ! Si vous croyez qu’elles ont vingt-neuf ans,