Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/71

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maria, fut de manger du pot-au-feu régulièrement. Emma lui en servait tous les dimanches et il ne manquait jamais de prononcer, à ce sujet, des paroles de contentement. Il n’aimait pas le dessert, mais buvait, après chaque repas, deux tasses de café où il versait quelques gouttes de cognac.

En deux mois il n’avait pas gagné un sou. Les Corsets de Borck lui donnèrent son premier bénéfice, cinq cents francs de commission, grâce à la complaisance et à l’appui de Verugna. Le soir où il les toucha, il y eut entre les deux époux un épanchement de tendresse. Il apporta à sa femme un bouquet de fleurs, sorte d’attention qui n’était pas dans ses habitudes ; elle le prit par la taille et l’embrassa au cou en riant. Ils firent des projets pour l’été.

— Si ça marche encore un peu, lui dit-elle, nous louerons quelque chose sur le bord de la Seine, pendant les grandes chaleurs. Il n’y a rien à faire à Paris, à ce moment-là, et la vie sera plus économique.

Il garda, sur les cinq cents francs, cinquante francs d’argent de poche, et versa le reste dans le budget du ménage.

Le directeur de l’Informé éprouvait décidément pour Farjolle une assez vive sympathie. Il lui envoya gratuitement le journal, faveur dont il était avare. Emma le lisait au lit chaque matin, s’intéressant aux articles, demandant combien ils rapportaient, étudiant surtout la quatrième page, les réclames. Elle montrait à son mari de grands clichés : vastes magasins du … ou bons d’épargne de

— Hein ! si tu avais eu cette affaire-là ?

— Ça viendra, répondait Farjolle.