Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/99

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Emma, au bras de son mari, revenait vers lui. Velard se dit : « Après cette valse, d’une manière ou d’une autre, je saurai à quoi m’en tenir. Je vais brusquer les choses : cette situation-là ne peut pas se prolonger. »

— Allons ! monsieur Velard, un tour de valse. Nous partirons ensuite.

— Oui, dit Farjolle, nous commençons à être fatigués.

— Veux-tu partir tout de suite ? Monsieur Velard m’excusera.

— Non, non. Dansez, je vais dire un mot à quelqu’un. Aux premières mesures, Velard se décida : il lui pressa la main et murmura la même phrase dont il s’était servi tout à l’heure.

— Je pense à vous toute la journée.

— Vous le dites ? monsieur Velard.

— Oui, je pense à vous toute la journée et je suis amoureux de vous.

Il fit un faux pas et manqua la mesure. Emma lui répondit, en souriant :

— Eh bien, que voulez-vous que j’y fasse ? Velard rattrapa la mesure.

— Je veux que vous ne me désespériez pas tout à fait… Que vous me laissiez entendre qu’un jour ou l’autre, si je suis bien gentil…

— Je tromperai mon mari ? Je ne l’ai pas encore trompé, mon mari, vous savez ?

— Tant mieux ! dit-il.

Elle ne répliqua rien ; il continua :

— Vraiment ? Vous ne voudrez jamais, jamais ?

— Je l’ignore, monsieur Velard, nous verrons plus tard…