Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/18

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était certain. Il n’y avait que lui à la connaître et il en ressentait parfois comme une détente heureuse de tous les nerfs au milieu de ses plus sourdes appréhensions.

Mais il avait fait son coup seul et voilà que, par un oubli de sa part, quelqu’un qui demeurait dans le mystère pouvait intervenir et réclamer le prix de son silence… Combien demanderait-il ? Ou bien ne finirait-il pas plutôt, après avoir pesé tous ses scrupules, par ne point risquer la chance d’une telle combinaison en révélant à la police la singulière coïncidence qu’il avait établie entre l’heure présumée du crime et l’absence de l’homme qui se trouvait toujours dans le sous-sol à cette heure-là ? Simple coïncidence ! dira-t-on. Mais comment détourner la police de cette fâcheuse révélation et lui interdire d’y flairer la bonne piste ? Lampieur en était incapable. Bien plus, il eût suffi que l’on dirigeât des recherches dans ce sens pour découvrir la vérité. Les témoignages ne manquaient pas. Et quels témoignages ! C’était celui d’une petite bonne devant laquelle, trois mois