Aller au contenu

Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Lampieur devait se rappeler, plus tard, la sensation presque voluptueuse qu’il avait éprouvée à écouter pleurer une femme pour la première fois, mais au moment où celle-ci ne parvint plus à retenir ses larmes, elle n’était encore pour lui que Léontine, c’est-à-dire moins une femme que sa complice et il en fut épouvanté. — Pourquoi pleures-tu ? demanda-t-il. Il n’avait pas prévu qu’elle pleurerait ainsi, suspendue à son bras et si difficile à traîner qu’elle avait l’air d’être changée en plomb. Pourtant il la traînait, il la portait. Il ne voulait pas qu’elle restât sous la pluie. Lui-même était trempé. Il avait froid. Une espèce de pitié, mêlée à sa terreur, l’illuminait.