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Page:Carco - L'Homme traqué, 1922.djvu/61

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miracle, vraiment. Il n’avait pas fallu moins d’un miracle. Lampieur en était convaincu. Autour de lui, de pauvres hères, des filles, des buveurs taciturnes composaient l’ordinaire clientèle du débit. Ils entraient. Ils sortaient. Certains choisissaient, à l’écart, un endroit pour s’attabler devant un verre de vin et le vider. D’autres s’appuyaient au zinc et Lampieur, stupéfait, s’apercevait enfin qu’aucun de ses voisins ne s’occupait de lui.

C’était pourtant les mêmes et lamentables épaves qu’on voyait, chaque soir, à l’approche de la nuit, se rassembler dans les bars des environs des Halles pour s’y défendre du froid et de la pluie. Lampieur les avait si souvent coudoyées qu’au milieu d’elles rien ne pouvait plus le choquer. Mais qu’avait-il imaginé de ces gens-là ? Il se méfiait d’eux. Il n’était pas tranquille à leurs côtés… Quant aux femmes, la phrase de Fouasse à leur sujet n’était pas faite pour corriger Lampieur de sa façon de penser d’elles. Il n’oubliait pas cette phrase. Cependant, l’allusion qu’elle contenait et qui se rapportait à Léontine, Lampieur ne l’entendait