Bib. Alors, Vous voyez qu’en buvant, je n’ai pas fait autre chose que ce pourquoi le vin existe : ergo, c’était bien mon droit.
Dav. Et par conséquent, ton tort,
Bib. Mais le fait est que le vin est tout aussi bien à moi qu’à Euphémien. Qui lui a donné le sol, à lui ? Qui lui a donné la vigne ? C’est la nature qui les a faits tous les deux, et la nature les donne tout autant à moi qu’à lui. Devant la nature, nous sommes tous égaux.
Tous. Certainement nous le sommes.
Bib. Alors, pourquoi le vin n’est-il pas à moi autant qu’à Euphémien ?
Eusèbe. Parce que ce n’est pas toi qui l’as fait.
Bib. Ni lui, non plus.
Tous. Vrai, très-vrai !
Bib. Un homme n’a pas droit au fruit du travail de plusieurs autres ! Si nous sommes tous égaux, il est clair que tout devrait être en commun ! À bas ces distinctions artificielles, dis-je, moi. Pourquoi un homme porterait-il du drap fin, et l’autre du gros drap ? boirait-il du Falerne, et l’autre du Sabin ? Dites-moi cela !
Eusèbe. Oh ! Oh ! Bibulus, tu deviens méchant. Soyons donc égaux. Pourquoi serais-tu là, sur une chaise, et nous en bas ? Tu t’empares de la parole, et nous n’avons plus qu’à écouter !