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carbonique contenu dans celle-ci circule continuellement. Tandis que celui qui flotte suspendu dans l’air, pendant une génération, effectue, pour ainsi dire, plusieurs évolutions, passant de l’atmosphère à la plante, de la plante à l’animal, et de celui-ci retournant encore à l’air, sans être jamais, en réalité, la propriété d’aucun être et s’arrêter longtemps nulle part, toute la quantité de carbone produite se meut lentement dans un cercle plus considérable, entre l’air et l’eau. Il s’élève de la terre à une extrémité de la courbe, à l’état de gaz élastique ; comme passe-temps, il prend, sur sa route, successivement et pendant de courts intervalles, des formes variées de plantes et d’animaux, jusqu’au moment où il s’absorbe de nouveau dans la terre, à l’autre extrémité de la courbe, à l’état de pierre calcaire solide et de plantes fossiles[1]. »

Les couches de pierre calcaire, résultant du travail de ces petits êtres qui absorbent ainsi l’acide carbonique émané de l’atmosphère, deviennent à leur tour les noyaux d’îles destinées à offrir des lieux de séjour aux classes inférieures d’animaux et finalement à l’homme. La manière dont s’accomplit l’œuvre préparatoire est parfaitement décrite dans le passage suivant :

« Les îles de corail des mers tropicales offrent les exemples les plus remarquables de la rapidité avec laquelle un rocher nu se pare de la vie végétale et se dispose à devenir l’habitation d’êtres humains. Les créatures qui élèvent ces îles, et les font sortir des profondeurs inconnues de l’Océan, participent, ainsi que l’indique leur nom de zoophyte (ou animal-plante) des caractères distinctifs de deux ordres de vitalité. Ils accomplissent leurs fonctions sans l’office du cœur ou d’un système quelconque de circulation ; les divers polypes d’un groupe ont chacun une bouche, des tentacules et un estomac, — là s’arrête la propriété individuelle, — et forment une masse vivante d’animaux nourris par des bouches et des estomacs nombreux, mais unis entre eux par des tissus. Ils n’ont d’autres pouvoirs d’action que celui d’allonger leurs bras pour saisir la nourriture que les flots, en passant, mettent à leur portée ; ils se propagent par bourgeons, une légère saillie se montre d’abord sur

  1. Dr Johnston, Blackwood Magazine. Mai 1853.