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duction du bois de haute futaie, avant la période de culture, ou, plus tard, des substances alimentaires. Le terrain, étant peu fertile, fut défriché facilement ; n’ayant pas besoin de drainage artificiel, il fut occupé de bonne heure[1].

En se tournant maintenant vers l’est, il voit devant lui le Brésil, pays baigné par les plus grands fleuves du monde, qui, jusqu’à ce jour, n’est qu’un désert, et cependant peut produire d’énormes quantités de sucre, de café, de tabac et de tous les autres produits des régions tropicales. Ses champs sont couverts de troupeaux innombrables de bétail, et les métaux les plus précieux se trouvent presque à la surface du sol. Mais, « étant privé de ces plateaux qui couvrent une partie considérable de l’Amérique espagnole, le Brésil n’offre pas une situation que choisissent volontiers les colonisateurs européens[2]. » « Les plus grandes rivières, dit un autre auteur, sont celles qui sont les moins navigables, et la raison en est[3] que ces rivières constituent les moyens de drainage des grands bassins de l’univers, dont le sol ne doit être soumis à la culture que lorsque la population et la richesse, et, conséquemment, la puissance d’association, ont augmenté considérablement. » Avec cette augmentation viendra le développement de l’individualité, et alors les hommes deviendront libres. Mais partout on voit l’homme fort cherchant à cultiver les terres fertiles avant le développement de la population et de la richesse, et, par suite, s’emparant du pauvre Africain et le forçant de travailler pour un faible salaire, et sous l’influence de conditions funestes à la vie humaine. Les fleuves les plus utiles du Brésil, ceux qui sont le plus navigables, ne sont pas l’Amazone, le Topayos, le Zingu ou le Negro, « traversant des contrées qui, un jour[4], dit

  1. Sur l’autre côté des Andes, le changement est complet. Ni le mousson, ni ses vapeurs n’arrivent aux côtes occidentales. À peine les plateaux du Pérou et de la Bolivie profitent-ils de ses avantages par les tempêtes qui éclatent aux limites des deux atmosphères. La côte de l’Océan Pacifique, de Punta-Parina et d’Ametope, jusqu’à une distance considérable au-delà des tropiques, de l’équateur au Chili, est à peine rafraichie par les pluies de l’Océan… La sécheresse et la solitude du désert sont leur partage, et sur le bord des mers, en vue des flots, ils en sont réduits à envier aux contrées voisines du centre du continent, les dons que l’Océan leur refuse tandis qu’il les prodigue à d’autres. (Ibid., p. 151.)
  2. Mac Culloch. Dictionnaire géographique.
  3. Gan Eden. Tableau de Cuba, p. 234.
  4. Encyclopédie géographique. Article Bresil.