Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/178

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bay, nous avons d’un côté le Delta de l’Indus, et de l’autre celui du magnifique fleuve du Gange. Le premier poursuit son cours à travers des centaines de milles, sans qu’on aperçoive presque aucun établissement sur ses rives, tandis que, dans le haut du pays, à droite et à gauche, il existe une population nombreuse. Le riche Delta du second est inoccupé, et si nous voulons trouver le siège de la culture primitive, nous devons suivre le cours de l’Indus, jusqu’à ce qu’arrivés à une grande distance vers sa source, nous rencontrons Delhi, capitale de toute l’Inde, lorsque le gouvernement restait encore entre les mains de ses souverains indigènes. Là, comme partout, l’homme délaisse les terrains bas et fertiles qui ont besoin d’être défrichés et drainés, et cherche dans les terrains plus élevés, qui se drainent eux-mêmes, le moyen d’appliquer son travail à se procurer des substances alimentaires ; et là, comme toujours, lorsqu’on ne cultive que les couches superficielles du sol, la rémunération du travailleur est insignifiante. Aussi voyons-nous l’Hindou travailler pour une roupie ou deux par mois, salaire qui lui suffit pour se procurer chaque jour une poignée de riz et s’acheter un lambeau de coton dont il couvre ses reins. Les sols les plus fertiles existent en quantité illimitée sur une terre qui reste intacte, et tout près de celle que le travailleur creuse avec un bâton, à défaut de bêche, ramassant sa récolte avec ses mains, à défaut de faucille, et rapportant chez lui sur ses épaules sa misérable moisson, faute d’un cheval ou d’une charrette.

Passant au Nord, par le Caboul et l’Afghanistan, et laissant sur notre gauche la stérile Perse, dont les terrains secs et maigres ont été cultivés pendant une longue suite de siècles, nous atteignons le point le plus élevé de la surface de la terre ; et là, même sur les monts Himalayas, nous retrouvons le même ordre de culture ; partout les villages sont situés sur les pentes, sur lesquels la population fait croître du millet, du maïs et du sarrasin ; tandis que les terres des vallées forment généralement une masse de jungles, qui n’est ni appropriée, ni cultivée[1]. Dans le voisinage immédiat se trouve le berceau de la race humaine, où prennent leur source les rivières qui se déchargent dans l’Océan Glacial et la baie du Bengale,

  1. Voyez Hooke, Journal d’un voyage d’Himalaya.