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passer la saison des maladies ; et, conséquemment, tous ceux qui le peuvent, abandonnent leurs habitations, pendant les mois d’août et de septembre, pour chercher une localité moins insalubre. »

« Cette région imprégnée de miasmes malfaisants couvre toute la côte maritime de la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, la Géorgie, la Floride, l’Alabama, l’État du Mississippi et la Louisiane, excepté parfois quelque endroit isolé, et s’étend à l’intérieur des terres, sur un espace de 10 à 100 milles. Dans le voisinage de Charlestown, le pays est tellement mauvais, qu’il est mortel de dormir, une seule nuit, en dehors de la ville, et que le passage même à travers le district infecté, pendant la nuit, sur le chemin de fer, a provoqué chez les voyageurs des vomissements, comme à bord d’un navire chez les passagers atteints du mal de mer. »

Comme conséquence de ce fait, on voit la Virginie et la Caroline, constamment décliner relativement à la position qu’elles occupent dans l’Union ; et cet état de choses continuera, nécessairement, jusqu’au moment où l’accroissement de la faculté d’association leur permettra de cultiver les terres les plus fertiles. En portant les regards vers la Jamaïque, nous constatons le même fait si considérable, comme effet d’une cause exactement identique ; un rapport récent sur les propriétés de l’île indique 128 domaines où se cultive la canne à sucre, complètement ou en partie abandonnés. Si l’on y ajoute ceux où l’on cultive le café, et autres dans la même situation, le chiffre s’élève à 413, et embrasse une superficie de plus de 400.000 acres de terre.

L’abandon du sol par une portion de ses habitants entraîne, inévitablement, avec lui une diminution dans la faculté d’associer ses efforts pour l’entretien des conduits de drainage nécessaires à la conservation de la santé, et pour la construction et l’entretien des routes ; et à mesure que les charges augmentent, on voit la disposition à quitter le pays augmenter chaque année. Le pays purement agricole doit exporter des matières premières et épuiser son sol ; et cette exportation doit entraîner également avec elle la nécessité d’exporter l’individu, nécessité qu’accompagne constamment la diminution de la puissance d’association, du développement de l’individualité, de la facilité d’entretenir le commerce, et