Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/25

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masse, ses routes et ses établissements de banque, n’offrirent plus aux regards que le spectacle de la banqueroute, et de la ruine la plus complète.

Tel était l’état des choses, à l’époque où fut promulgué le tarif hautement protecteur de 1842. A peine était-il passé à l’état de loi, que la confiance reparut et que le commerce se ranima, premiers pas vers le retour du pays tout entier dans le plus court délai, à un état de prospérité, auquel on n’avait encore vu jusqu’alors rien de comparable. En constatant que ces faits si remarquables étaient en complète opposition avec la théorie du libre-échange, l’auteur fut amené à étudier les phénomènes qui s’étaient présentés pendant la période de ce même libre-échange de 1817 à 1824, et pendant la période de protection inaugurée en 1825, et close en 1834 ; la première aboutissant à une banqueroute ruineuse, semblable à celle qui s’était manifestée de nouveau en 1842, et la seconde, donnant au pays un état de prospérité tel, qu’il s’est réalisé une seconde fois en 1846. En portant donc ses regards hors de son pays, il s’aperçut que les phénomènes offerts par le spectacle des autres nations, se trouvaient précisément d’accord avec ceux qu’il avait observés dans son pays, les sociétés protégées accomplissant de constants progrès en richesse et en force, tandis que les sociétés non protégées, marchaient aussi constamment vers l’anarchie et la ruine. Plus il étudia de semblables faits, plus il demeura convaincu que la théorie du libre-échange contenait en elle-même quelque grave erreur ; mais en quoi consistait cette erreur, où pourrait-on la découvrir ? Pendant plusieurs années, il fut hors d’état de formuler à cet égard une réponse satisfaisante, même pour lui-même.