Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/270

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en général, comme un acheminement à l’amélioration dans la condition de toutes les autres parties de la société. L’ouvrier se réjouit, lorsque la demande de ses services arrive à sa porte par suite de la construction d’une usine ou d’un fourneau, ou la création d’une route. Le fermier voit avec plaisir s’ouvrir un marché placé tout à fait sous sa main, et qui lui donne des consommateurs pour ses subsistances alimentaires. Sa terre se réjouit de la consommation de ses produits à l’intérieur ; car le propriétaire de ces produits peut ainsi restituer, à cette terre, leur résidu ultime sous la forme d’engrais. Le planteur se réjouit de voir élever, dans son voisinage, une filature qui lui offre un marché pour son coton et ses substances alimentaires. Le père de famille est content, lorsqu’un marché ouvert au travail de ses fils et de ses filles permet à ceux-ci de s’approvisionner des aliments et des vêtements dont ils ont besoin. Chacun se réjouit de voir se développer un marché intérieur pour son travail et ses produits ; car alors le commerce prend un accroissement sûr et rapide ; et chacun s’afflige si ce marché vient à décliner ; car on ne peut suppléer ailleurs aux lacunes qu’il laisse. Le travail et ses produits sont ainsi perdus, la puissance de consommation diminue en même temps que la puissance de production, le commerce devient languissant, le travail et la terre diminuent de valeur, et l’ouvrier et le propriétaire terrien deviennent chaque jour plus pauvres qu’auparavant.

Chaque pas fait dans la première direction est suivi d’un accroissement dans la continuité de mouvement, parmi les individus qui produisent et qui consomment, accompagné d’un accroissement dans la puissance d’association, et d’une plus grande liberté. Chaque pas tendant à augmenter la puissance du trafiquant, ou de tout autre instrument employé par le commerce, est suivi, au contraire, d’une détérioration dans la condition de l’homme et d’une diminution de liberté ; et il restera évident qu’il en doit être ainsi, pour tous ceux qui réfléchiront que l’on voit, partout, le développement de la richesse et de la liberté résulter de l’augmentation du pouvoir de l’homme sur les instruments nécessaires à l’accomplissement de ses desseins. A mesure que la qualité des haches et des machines à vapeur s’améliore, les individus qui en font usage acquièrent un empire constamment plus considérable sur les produits constamment augmentés de leur travail, suivi d’un