Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/299

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les entourent, le soldat, en monopolisant le pouvoir de lever les impôts, le grand propriétaire terrien, les produits que lui fournit le travail de ses esclaves ; et le trafiquant, désirant accaparer partout à son profit l’achat et la rente de ces produits, de manière à imposer les prix, auxquels il entend les acheter ou les vendre. Ce sont tous des intermédiaires faisant obstacle à l’association, et qui s’opposent à toute relation continue entre les individus qui produisent et ceux qui ont besoin de consommer. Les progrès d’une société vers la richesse et la puissance étant en raison directe de la combinaison des efforts parmi les membres qui la composent, il s’ensuit que l’avancement, vers l’un ou l’autre de ces biens, doit être en proportion des moyens qu’ils ont de se passer des services de l’homme politique, du soldat, du propriétaire d’esclaves et du trafiquant, de cette classe qui subsiste en vertu du simple acte de l’appropriation. Cependant chaque mouvement dans cette direction tendant à une diminution de leur pouvoir, le soldat, le trafiquant et l’homme politique, se liguent partout pour assujettir le peuple, ainsi qu’on l’a vu à Athènes ou à Rome, et qu’on peut l’observer aujourd’hui dans tous les pays de l’Europe et de l’Amérique. L’histoire du monde n’est qu’un monument des efforts de la minorité pour taxer la majorité, et des efforts de cette dernière pour échapper à cette taxe. Toutefois le succès ne s’accomplit que lentement et péniblement, à raison du pouvoir que possèdent ceux qui vivent de l’appropriation, de se réunir dans les villes, tandis que ceux qui contribuent à former les revenus des premiers sont dispersés dans tout le pays.

§ 2. — Les rapports intimes entre la guerre et le trafic se manifestent à chaque page de l’histoire. Leur tendance à la centralisation. Leur puissance diminue avec le développement du commerce.

A chaque page de l’histoire, on aperçoit la liaison intime qui existe entre la guerre et le trafic. Les Ismaélites dont le bras était dirigé contre tout homme, tandis que celui de tout individu était dirigé contre eux, faisaient un vaste trafic d’esclaves et de marchandises de toute espèce. Les Phéniciens, les Cariens, et les Tyriens se faisant tantôt flibustiers, tantôt trafiquants, selon que leurs intérêts l’exigeaient, étaient toujours disposés à adopter toutes les mesures propres à accroître leur monopole à l’intérieur, en augmentant le nombre de leurs esclaves, ou leurs monopoles au dehors, en empêchant d’autres individus d’intervenir dans le trafic qu’ils entretenaient eux-mêmes avec des individus éloignés les uns des autres. Les poëmes d’Homère nous montrent Ménélas se van-