Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/308

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comme indemnité pour le service journalier dans les tribunaux.

La tyrannie et la rapacité se montrant partout et amenant partout une décadence du commerce entre les individus et les États, donnent lieu bientôt à la guerre du Péloponnèse qui se termine par la soumission de l’Attique au pouvoir des Trente tyrans. La propriété privée est alors confisquée, en grande partie, au profit du public ; et pour s’assurer les services du pauvre dans l’œuvre de spoliation des riches, il est alloué une rémunération triple à ceux qui assistent aux assemblées générales. Les impôts s’accroissent, et à mesure qu’ils deviennent plus considérables, les encouragements à un travail honnête s’affaiblissent d’une manière aussi continue. La population, pour nous servir de l’expression moderne, devient surabondante ; et comme l’homme diminue de valeur, nous voyons s’accroître la soif du pillage et la facilité de se procurer des troupes à l’aide desquelles on peut se l’assurer. La licence et la dissipation deviennent universelles, et les villes sont partout livrées aux déprédations d’hommes stipendiés, toujours prêts à vendre leurs services au plus offrant. Le commandement militaire est brigué comme la seule voie qui conduise à la fortune ; et les richesses ainsi acquises sont dépensées en présents, au peuple, grâce auxquels on s’assure ses votes. De nouvelles oppressions amènent ensuite la guerre sociale, qui entraîne avec elle l’extermination de la population mâle, la vente des femmes et des enfants comme esclaves, et la confiscation de tous leurs biens ; et c’est ainsi que désormais nous pouvons suivre le peuple de l’Attique s’épuisant en efforts pour arrêter la marche des autres peuples, jusqu’à ce qu’enfin il ne soit plus, lui-même, qu’un pur instrument entre les mains de Philippe de Macédoine, d’où il passe successivement entre celles d’Alexandre et de ses lieutenants.

Il est partout visible qu’à partir des guerres persiques, le but des Athéniens a été d’obtenir le monopole du pouvoir, et celui du commerce, comme moyen de s’assurer la jouissance du pouvoir. Plus la ville et son port devenaient l’entrepôt central, plus Athènes pouvait dominer ceux qui dépendaient d’elle, comme d’une place où leurs échanges pouvaient avoir lieu. Elle chassait donc de l’Océan, non seulement les peuples avec lesquels elle était en guerre, mais les bâtiments neutres étaient constamment saisis et retenus par elle, au mépris de la loi ; et ce n’était, qu’avec des difficultés infinies, que