Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lectuel le plus élevé. Et cependant, en même temps qu’il possède tous les avantages naturels, l’Irlandais est esclave dans son propre pays, esclave du maître le plus rude, et réduit à une condition de misère et de détresse telle qu’on n’en voit dans aucune autre partie du monde civilisé. N’ayant à choisir qu’entre l’expatriation et la famine, nous le voyons partout abandonnant la demeure de ses pères, pour chercher en d’autres contrées la subsistance que ne peut plus lui donner l’Irlande, si richement dotée sous le rapport du sol et des substances minérales, de ses rivières navigables et de ses facilités de communication avec le monde.

La valeur de la terre et du travail étant complètement dépendante du pouvoir d’entretenir le commerce, et ce pouvoir n’existant pas en Irlande, on comprendra, facilement pourquoi l’une et l’autre sont à peu près sans valeur, aussi bien qu’en Turquie, en Portugal et à la Jamaïque. Ils ne peuvent être utilisés, à raison de l’énorme proportion dans laquelle ils sont soumis à cette taxe la plus lourde de toutes, celle qui résulte de la nécessité d’avoir recours aux navires, aux véhicules et à tous les autres instruments mis en usage par le trafiquant et l’agent de transports. Dans un ouvrage qu’il a publié récemment sur l’Irlande, le capitaine Head cite une propriété, d’une contenance de 10.000 acres qui avait été achetée à cinq cents l’acre ; et dans un mémoire lu à la section statistique de l’Association Britannique, il a été démontré que les domaines achetés en ce moment en Irlande, avec les capitaux Anglais, embrassaient un espace de 403.065 acres ; le prix d’achat avait été de 1.095.000 liv. sterl. soit environ 2 liv. 15 schell. (ou 13 doll. 20) par acre ; ce qui est un peu plus que ce qu’on paye pour des fermes, où l’on a fait des améliorations peu importantes, dans les États de la vallée du Mississippi.

Le sucre fabriqué par l’ouvrier à la Jamaïque s’échange à Manchester pour 3 schell. sur lesquels il en reçoit peut-être un seulement, et il meurt à cause de la difficulté de se procurer des vêtements, ou les machines à l’aide desquels il pourrait les confectionner. L’Hindou vend son coton à raison d’un penny la livre et il le rachète dix-huit ou 20 pence sous la forme d’étoffe ; le nègre de la Virginie produit du tabac qui s’échange pour une valeur, en denrées, de six schellings, sur lesquels lui et son maître reçoivent 3 pence ; toute la différence entre ces deux chiffres est absorbée par