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natal puisse soutenir la comparaison avec celui des Hindous. Il n’est pas de privations auxquelles ils hésitassent à se soumettre, plutôt que d’abandonner volontairement le lieu où ils sont nés ; et s’ils en ont été chassés par une oppression continue, ils y reviendront avec un nouvel amour après de longues années d’exil[1]. »

La conquête mahométane laissa intactes ces simples et belles institutions. « Chaque village hindou, dit le colonel Briggs, dans son ouvrage sur l’impôt foncier, avait sa municipalité distincte, et il existait un chef héréditaire, comptable, placé à la tête d’un certain nombre de villages, formant un district possédant à la fois une influence locale et une autorité considérables, et certains domaines territoriaux ou biens fonciers. Les Mahométans sentirent bientôt qu’il était politique de ne modifier en aucune façon une institution si complète, et ils profitèrent de l’influence locale de ces fonctionnaires, pour faire accepter à leurs sujets leur domination. »

L’action locale et l’association locale se révèlent partout d’une façon remarquable dans l’histoire de l’Inde. Ayant de nombreux gouvernants, dont quelques-uns, dans de certaines limites, reconnaissaient la suprématie du souverain placé à une grande distance, les impôts nécessaires pour le soutien du gouvernement étaient lourds, mais — comme ils s’employaient sur les lieux mêmes — si le cultivateur contribuait pour une part trop large de son blé, au moins ce blé se consommait dans un marché voisin, et rien ne sortait du pays. Les manufactures étaient également répandues sur un grand espace, et c’est ainsi qu’avait lieu la demande du travail qui n’était pas indispensable pour l’agriculture. « Sur la côte de Coromandel, dit Orme[2], et dans la province du Bengale, lorsqu’on se trouve à quelque distance d’une grande route ou d’un chef-lieu, il est rare de trouver un village où tous les individus, hommes, femmes et enfants ne soient pas occupés à fabriquer une pièce de toile. « Aujourd’hui, continue-t-il, la plus grande partie des provinces est employée dans cette unique manufacture. » Ses progrès, ainsi qu’il le dit, « n’embrassaient pas moins que le genre de vie de la moitié des habitants de l’Hindoustan. »

  1. Greig. Histoire de l’Inde britannique, t. I, p. 46.
  2. Fragments historiques, Londres, 1805, p. 409.