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centralisation qui existe aujourd’hui, il faut que ce produit soit exporté pour être employé à acheter les services, ou à payer les dividendes d’individus résidant à de grandes distances ; et c’est ainsi que le fardeau réel des impôts est augmenté, dans une proportion presque illimitée, par l’anéantissement de la puissance d’association. C’est ainsi que partout le commerce est sacrifié au trafic[1].

  1. La différence qui existe entre le propriétaire terrien (landlord) dépensant dans un pays éloigné tous ses revenus, et le propriétaire qui, résidant sur son domaine, les répartit parmi ses tenanciers en échange de services, et la différence, dans la valeur des produits de la terre, résultant de la proximité du marché, sont si bien démontrés dans le passage suivant, extrait d’un ouvrage moderne sur l’Inde, que le lecteur en le lisant ne peut manquer d’en faire son profit :
      « La majeure partie du froment, du blé et autres produits de la terre susceptibles d’exportation que le peuple consomme, aussi loin que nous avons pénétré jusqu’à présent, est tirée de nos districts de Nerhbudda et de ceux de Malwa qui y confinent ; et, par conséquent, le prix a été croissant rapidement, à mesure que nous quittons ces districts pour nous avancer dans la direction du nord. Si le sol de ces districts de Nerbudda, situés, ainsi qu’ils le sont, loin de tout marché important pour leurs produits agricoles, était d’aussi mauvaise qualité qu’on le trouve dans certaines parties du Bundelcund que j’ai parcourues, on ne pourrait en tirer un excédant de revenu net dans l’état actuel des arts et de l’industrie. Les prix élevés que l’on paye ici pour les produits de la terre étant dus à la nécessité de tirer, de pays si éloignés, une grande partie de ce qui se consomme, permet aux rajahs de ces états du Bundelcund de recueillir des impôts aussi considérables que ceux qu’ils perçoivent. Ces chefs dépensent la totalité de leurs impôts à entretenir des établissements publics d’un genre quelconque ; et comme les articles essentiels de subsistance, le froment et le blé, etc., qui sont produits sur le territoire de leurs propres districts, ou ceux qui les avoisinent immédiatement, ne suffisent pas pour approvisionner ces établissements, ils doivent les tirer de territoires éloignés. Tous ces produits sont portés à dos de bœufs, parce qu’il n’existe point de route, partant des districts d’où ils font venir cet approvisionnement, sur laquelle on puisse faire circuler sûrement une voiture à roues ; et comme ce mode de transport est très-coûteux, le prix des produits, lorsqu’ils arrivent dans les capitales, aux alentours desquels ces établissements locaux sont concentrés, devient très-élevé. Il faut qu’ils payent un prix égal aux débours réunis nécessaires pour acheter et transporter ces substances alimentaires, des districts les plus éloignés, auxquels ils sont obligés d’avoir recours, à tout moment, pour l’approvisionnement, ou bien qu’ils cessent d’être approvisionnés ; et comme il ne peut exister deux prix pour la même denrée sur le même marché, le froment et le blé produits dans le voisinage de l’une de ces villes principales du Bundelcund y obtiennent un prix aussi élevé, que le blé et les céréales arrivant des districts les plus éloignés situés sur les bords de la rivière de Nerbudda, tandis qu’ils ne coûtent rien, comparativement, à transporter des premiers pays aux marchés. Ces terres, en conséquence, donnent une rente bien plus considérable, si on la compare avec leur puissance productrice et fécondants naturelle, que celle des districts éloignés dont le produit est tiré de ces marchés ou de ces chefs-lieux ; et comme toutes les terres sont