Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/436

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et avec une rigueur inconnue dans toutes les autres parties du globe, en même temps qu’il y a surabondance du travail et de la terre, pour lesquels on ne peut obtenir de l’emploi. L’emplacement de Dacca, naguère encore ville manufacturière si importante, n’offrit plus à l’évêque Héber qu’une « jungle impénétrable ; » et, comme résultat nécessaire d’une pareille situation, il faut que les journaux des Indes orientales rappellent à leurs lecteurs les millions d’acres de riches terrains qui pourraient produire du coton, et qui, à cette heure, restent en friche. De quelque côté que nous portions nos regards dans cette magnifique contrée, nous trouvons la preuve de l’amoindrissement de l’individualité et de la diminution de la puissance d’association, accompagnés d’une centralisation chaque jour croissante, dont l’annexion du royaume d’Inde nous fournit un des exemples les plus récents et les plus frappants[1], et la centralisation, l’esclavage et la mort marchent toujours de conserve, dans le monde physique, ou dans le monde moral.

Lorsque la population et la richesse diminuent, les sols fertiles sont les premiers abandonnés, ainsi qu’on le voit dans la campagne de Rome, dans la vallée de Mexico et dans les deltas du Gange et du Nil. Sans association d’efforts, ils n’auraient jamais été mis en culture, et leur abandon actuel ne prouve que la disparition de la puissance d’association. Forcé de revenir aux sols ingrats et d’en exporter le produit, le misérable Hindou devient, de jour en jour, plus pauvre, et moins il recueille, plus il devient l’esclave des caprices de son seigneur ; et plus il est abandonné à la merci du prêteur d’argent,

    Dans de pareilles circonstances, tout le revenu était occasionnellement perdu en remises. Conséquemment, personne ne devenait jamais riche et dans toute l’étendue de la présidence, il n’y a pas probablement dix fermiers dont l’avoir puisse s’évaluer à 1.000 liv. sterl. La superficie de la terre cultivée ne forme que le cinquième de la superficie de la présidence, et il ne paraît pas qu’elle tende à s’accroître. » (London Times.)

  1. Jusqu’à ce jour les produits des impôts établis sur la population de l’Oude ont été, dans une proportion considérable, dépensés sur les lieux et ont contribué à créer une demande du travail et de ses produits. Aujourd’hui ils doivent étre transférés à Calcutta et ajouteront vraisemblablement, dit-on, deux millions de livres sterl. au revenu de la Compagnie des Indes. L’impôt, lorsque les produits en sont dépensés sur les lieux, n’est qu’une question de distribution. Dans le cas contraire, c’est une question d’épuisement. Dix millions, dans le premier cas, ne causeraient pas autant de désastre qu’un million dans le second.