Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’il y ait dans toute l’étendue de l’Inde, une diminution constante dans la puissance d’association, le développement de l’individualité, le sentiment de la responsabilité et la capacité pour le progrès, c’est ce que personne ne peut mettre en doute en étudiant avec soin les ouvrages qui traitent de ce pays. MM. Thompson, Bright, etc., font peser sur la Compagnie la responsabilité de tous ces faits ; mais en lisant les ouvrages de MM. Campbell et Sleeman, on ne peut hésiter à croire que sa direction est animée maintenant du désir sérieux d’améliorer le sort de ses infortunés sujets. Malheureusement, la Compagnie se trouve à peu près dans la position des propriétaires de terres de la Jamaïque, et elle est elle-même sur le penchant de sa ruine parce que ses sujets sont forcés de se borner à l’agriculture, et qu’ils reçoivent une portion bien faible sur la valeur de leur insignifiante quantité de produits. Aujourd’hui, comme au temps de Joshua Gee, la portion la plus considérable reste en Angleterre, dont la population consomme le sucre à bon marché, tandis que celui qui le produit meurt de faim dans l’Inde. On obtient le sucre et le coton à bon marché, en sacrifiant les intérêts d’une grande nation ; et tant que la politique de l’Angleterre continuera à parquer toute la population de l’Inde dans les travaux des champs, le sol continuera nécessairement à s’appauvrir, la puissance d’association continuera à décliner, et le gouvernement devra de plus en plus dépendre du pouvoir d’empoisonner le peuple chinois ; et conséquemment, il arrivera, que de quelques bonnes dispositions que soient animées les personnes chargées de remplir les fonctions gouvernementales, elles doivent se trouver de plus en plus forcées d’écraser le pauvre ryot, dans l’espoir de recueillir l’impôt.

§ 9. — Causes de la décadence de l’Inde.

Un éminent économiste anglais apprend à ses lecteurs que malgré « l’extrême bon marché du travail dans l’Inde et la perfection à laquelle sont arrivés depuis longtemps les indigènes, le génie merveilleux de nos mécaniciens, l’admirable dextérité de nos ouvriers, et notre immense capital ont contrebalancé, et bien au-delà, la prime en apparence insurmontable des salaires élevés et ont permis à nos manufacturiers de renverser tout obstacle, et de triompher du travail à meilleur marché, des matières premières à portée des producteurs et de l’industrie traditionnelle des Hindous ; et que, par suite, la fabrication indigène a reçu