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conséquences forcées d’un système qui cherche à empêcher l’association, et à diminuer le développement des facultés latentes de l’homme. En attribuant donc à ce système l’état de choses existant, nous obtenons une seule cause, importante et uniforme, à savoir : une politique tendant à la production de la barbarie, amenant les disettes et les épidémies, aboutissant à la ruine et à la mort, et donnant ainsi une apparence de vérité à la théorie de l’excès de population.

§ 2. — Résultats funestes de la nécessité croissante d’avoir recours aux services du trafiquant.

Pour que l’homme acquière du pouvoir sur la nature, il est indispensable que le marché destiné à son travail et aux produits de ce travail soit rapproché de lui. Lorsque ce marché est éloigné, quelque parfaits que puissent être les moyens de transport, l’engrais ne peut être restitué à la terre, et si la puissance productrice de celle-ci n’est pas entretenue, l’homme et la terre doivent s’appauvrir à la fois, en même temps qu’il y a diminution constante dans la possibilité d’entretenir le commerce. Les facilités de transport dans toute l’étendue de l’Irlande avaient été considérablement augmentées dans le demi-siècle qui vient de s’écouler ; mais à chaque phase de progrès, les famines et les pestes furent à la fois plus fréquentes et plus cruelles, jusqu’à ce qu’enfin l’achèvement d’un réseau étendu de chemins de fer fut signalé par un de ces fléaux, sévissant avec une intensité qui dépassa de beaucoup toutes les épidémies antérieures. A chacune de ces phases la puissance d’association diminua, le sol s’appauvrit plus rapidement ; et maintenant ceux qui le cultivaient abandonnent partout les demeures qui ont abrité leur jeunesse ; partout ses propriétaires sont dépossédés ; et ses hommes d’intelligence ont presque entièrement disparu.

Les chemins de fer sont construits maintenant pour et non par la population de l’Inde, mais leurs résultats doivent inévitablement être les mêmes que ceux observés en Irlande. Le but en vue duquel ils sont faits, c’est de développer davantage l’exportation des produits bruts du sol, et d’étendre encore la puissance centralisatrice du trafic ; ce qui doit amener un épuisement plus considérable du sol, la diminution de la puissance d’association parmi ceux qui l’occupent, et la décadence plus rapide de commerce. Le peu qui subsiste encore des manufactures de l’Inde, doit bientôt disparaître, et le coton doit être, de plus en plus forcé de se frayer sa voie, en aban-