Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/464

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Qu’il en doive toujours être ainsi, et qu’une pareille discordance soit la conséquence nécessaire d’un système ayant pour but d’exagérer les difficultés résultant de la nécessité d’effectuer les changements de lieu, c’est ce qui deviendra évident pour le lecteur s’il considère les faits suivants : Les navires ne doivent être regardés que comme des ponts flottants, et lorsque nous les disposons bout à bout, nous pouvons déterminer la proportion de leur capacité pour occuper la place du commerce, ainsi qu’on les a rendus propres à le faire, dans toutes les opérations concernant les milliards d’individus dont se composent les populations de l’Irlande, de l’Inde, de la Turquie et du Portugal. Un pied, en longueur, d’un navire, étant à peu près l’équivalent de 10 tonneaux, pour jeter sur l’océan Atlantique un pont formé de navires, de manière à créer une route de trente pieds de largeur, il faudrait plus de soixante millions de tonneaux ; mais, pour construire un pareil pont, reliant à l’Angleterre l’Inde, l’Australie et l’Amérique, il faudrait dépenser plusieurs centaines de millions ; et comme le tonnage total de l’océan pour le monde entier n’excède pas cinq millions, il suit de là, que la totalité des navires existants aujourd’hui ne fournit pas un moyen de communication avec le marché unique sur lequel les matières premières doivent être converties en tissus et en fer, équivalant à une route d’un pouce de largeur. C’est cependant par un passage aussi étroit, d’une longueur de trente milliers de milles, que l’Hindou, qui produit le coton, entretient le commerce avec son voisin immédiat, qui a besoin de consommer des tissus. C’est par un passage aussi étroit, d’une longueur de quelques milliers de milles, que la population du Portugal et de la Turquie entretient entre ses membres et avec le monde entier, et que la population de la Jamaïque, en ce moment, accomplit tout échange de service réciproque ; d’où

    peut accomplir des alliances et ouvrir des territoires, et qu’une influence personnelle, telle que l’influence d’un Ashburton ou d’un Dunbam peut entrainer des classes considérables, ou de vastes continents dans la ligue commerciale du libre trafic. On se vantait, il n’y a pas longtemps, que le trafic pouvait agir par lui-même ; qu’il pouvait creuser ses tunnels, acheter les moyens de se protéger lui-même et s’ouvrir des territoires ; mais ici nous trouvons que le commerce compte sur l’œuvre de l’épée et sur les négociations de la diplomatie. » (Le Spectateur, 4 septembre 1854.)
      Tous les journaux anglais récents contiennent des aperçus semblables à ceux-ci ; Tous trouvent une compensation, à la perte énorme d’hommes et d’argent qui a eu lieu en Crimée, dans l’accroissement probable du trafic futur.