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cessaires pour l’entretien et le bien-être de l’homme. On estime que les machines à vapeur mises en œuvre aujourd’hui en Angleterre peuvent faire le travail de 600 millions d’individus ; et comme ces machines sont employées principalement à condenser sous la forme de drap le blé et la laine, le blé, la houille et le minerai sous la forme de fer, et le fer sous la forme de machines, l’effet produit par les machines à vapeur peut se constater, dans la possibilité constamment croissante de consacrer à la fois son temps et son intelligence au développement de la puissance de cette immense machine à laquelle nous devons les aliments, la laine, la houille et le minerai.

On a établi que le nombre des machines à raboter des États-Unis, mues par la vapeur, ne s’élevait pas à moins de 30.000, dont chacune fait le travail de soixante ouvriers ; soit, dans l’ensemble, le travail de 1.800.000 individus. Il y a là une grande économie d’efforts humains ; mais il faut y ajouter encore l’économie de travail résultant du transport de produits achevés ; comparé avec celui de produits non achevés ; ces deux effets combinés laissent disponible une somme immense d’efforts physiques et intellectuels, que l’on peut appliquer à augmenter la quantité de bois de charpente à scier ou à raboter, de houille et de minerai à convertir en fer, ou de blé à moudre. Chacune de ces opérations tend au développement de la puissance productive de la terre, et à son appropriation plus complète aux besoins de l’homme.

§ 4. — Économie des efforts de l’activité humaine résultant d’une plus grande facilité de transformation.

À chaque progrès vers une plus grande facilité dans l’œuvre de transformation accomplie presque sans déplacement, on assiste à un merveilleux accroissement dans l’économie d’efforts humains résultant d’une plus grande économie des dons de la nature. Le pauvre sauvage de l’ouest passe des nuits et des jours à errer dans les prairies en quête de sa subsistance, et il est cependant obligé de perdre la plus grande partie des produits de sa chasse ; en même temps que le colon des premiers jours détruit l’arbre, et en vend les cendres à des individus venus de points éloignés, qui les achètent volontiers, en y ajoutant tous les frais énormes de transport qui augmentent leur prix primitif. À mesure que la richesse et la population augmentent, la tige de l’arbre devient susceptible de fournir des planches pour la construction des maisons et des moulins ; l’écorce sert à approprier les peaux qui seront converties en