Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/481

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le temps, ces derniers acquerront peut-être la science nécessaire pour faire la poudre ; mais ce résultat, ils l’obtiendront, si jamais ils y parviennent, malgré toute la résistance que pourra leur opposer le monopoleur, déjà devenu assez puissant pour être à même d’empêcher l’association parmi les malheureux individus qui dépendent de lui. Il en est de même à l’égard des nations. Restreignez à une seule la faculté de disposer de la vapeur, ou le pouvoir de convertir la laine en drap, la houille et le minerai en fer, ou le blé en farine et cette nation exercera assurément un empire tyrannique sur l’univers, au détriment de toutes, jusqu’à elle-même inclusivement. La centralisation, quelque part que vous la rencontriez, tend à amener à sa suite la pauvreté, l’esclavage et la mort ; et il en est si complètement ainsi, relativement aux connaissances scientifiques, qu’il vaudrait mieux que la vapeur n’existât pas, plutôt que de voir la faculté de disposer d’une telle force restreinte à une seule société de notre globe. Pendant quelque temps, cette société pourrait s’enrichir ; mais, avec l’esclavage, là comme partout, le dommage causé à l’esclave retomberait sur le maître. Épuisant toutes les sociétés qui l’environnent, elle ne tarderait pas elle-même à voir naître la maladie de « l’excès de population, » tendant à produire, à l’intérieur, le même asservissement qu’elle avait produit au dehors.

Le trafic avait élevé parmi les Flamands l’édifice de fortunes considérables, dont la possession ne fit qu’exciter leur convoitise pour en acquérir de nouvelles, en même temps qu’il augmentait leur pouvoir de diriger les mouvements des autres nations, pour arriver à l’accomplissement de leurs desseins égoïstes. Dans ce but, ils cherchèrent à créer un monopole à l’intérieur et au dehors ; mais le résultat fut bien différent de ce qu’ils avaient espéré ; leurs mesures provoquèrent la résistance au dedans et au dehors. Les ouvriers émigrant en Angleterre trouvèrent, dans Édouard III, un monarque comprenant parfaitement les avantages qui pouvaient résulter de ce fait, de mettre à même le fermier et l’artisan de se rapprocher l’un de l’autre ; et ils trouvèrent aussi, en lui, un monarque capable de leur accorder toute la protection dont ils avaient besoin, et disposé à le faire. Non-seulement on leur concéda des franchises, mais toutes les mesures restrictives relatives au commerce intérieur, en ce qui concernait la fabrication de la toile