diversité des travaux ayant fait exploiter les sols les plus fertiles, l’agriculture avait déjà atteint une position plus élevée, probablement, que celle occupée par aucune partie de l’Angleterre, même au commencement du xviiie siècle. Chaque jour, le peuple hollandais et le peuple flamand obtenaient un pouvoir plus considérable sur la nature et de plus grandes facilités pour accumuler de nouvelles richesses.
Tel était l’état des choses en Angleterre à la date de la promulgation de l’acte qui prohibait l’exportation de la laine et l’importation de la toile. C’était une mesure de résistance, ayant pour but de protéger le fermier anglais contre les monopoles des manufacturiers flamands ; et sous ce rapport elle tendait considérablement à développer le commerce[1]. Dans cette occurrence, toutefois, l’erreur habituelle des réformateurs, — qui consiste à aller trop loin et trop vite, — se révèle manifestement. Lorsque la nature travaille le plus avantageusement pour l’homme, elle travaille lentement ; et ce qui est vrai dans le monde naturel ne peut que l’être également dans le monde social. L’homme profite aussi rarement des bouleversements de l’édifice social, qu’il le fait des tremblements de terre ou des trombes. La difficulté, pour les producteurs de blé et de laines anglais, consistait dans l’absence de concurrents pour l’achat de leurs denrées, résultant de la dépendance, où ils avaient continué de se trouver longtemps, d’un marché unique et éloigné. Le remède devait consister dans un traitement altérant ayant pour but la création d’un marché national, en même temps qu’il laissait intacte l’exportation de la matière première nécessaire pour l’approvisionnement des pays lointains.
Ce qui était nécessaire pour donner au producteur le choix entre les marchés, c’était de frapper les toiles étrangères d’un droit tel qu’il eût intéressé le tisseur étranger à venir vers lui et à consommer son blé, matière encombrante, en même temps qu’il eût con-
- ↑ « Edouard III et plusieurs autres de nos souverains encoururent une grave animadversion, à raison de la protection judicieuse accordée par eux aux manufacturiers étrangers qui se réfugièrent parmi nous. (Mac Culloch. Discours d’introduction à la Richesse des nations, p. 25.)— M. Mac Culloch est cependant l’adversaire du système qui a pour but d’étendre la même protection de nos jours, même lorsque les circonstances sont exactement semblables.