Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 1.djvu/498

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mettre aux fermiers d’appeler à leur aide l’habileté industrielle et les machines employées à l’étranger, et de conquérir la domination sur les diverses forces naturelles nécessaires pour achever leurs produits et les approprier à la consommation, on avait agi raisonnablement. Cette protection les affranchissait de l’impôt onéreux du transport ; elle encourageait la diversité des travaux et le développement de l’intelligence ; elle tendait à donner à la société cette forme naturelle où la force et la beauté se combinent le mieux : et c’est pourquoi nous voyons, dans les mouvements des années immédiatement antérieures à l’explosion des guerres de la Révolution française, une tendance si prononcée à une réforme dans la constitution du Parlement, ayant pour but une représentation plus équitable des diverses fractions dont la société se composait.

Si telle eût été la limite du mouvement, si la politique de l’Angleterre eût cherché uniquement à créer un marché intérieur pour les fermiers anglais, si l’on se fût borné à les affranchir personnellement de leur dépendance des éventualités résultant de l’éloignement d’autres marchés, si les hommes d’État de l’Angleterre eussent été dirigés par cette grande loi fondamentale du christianisme, qui exige que nous respections les droits d’autrui aussi scrupuleusement que nous voudrions qu’on respectât les nôtres, tout aurait été bien, et l’on n’eût jamais entendu parler des doctrines de l’excès de population, de la nécessité d’une somme de travail à bon marché et abondante, de la convenance d’exclure de son sein une nation d’une famille identique pour la remplacer par une nation dont les éléments sont plus mélangés, plus souples et peuvent rendre plus de services, d’une nation qui puisse se soumettre à un maître[1], en un mot, de l’Économie politique moderne.

Autre fut la marche des choses. Là, comme partout ailleurs, il se manifesta une disposition à monopoliser pour son profit personnel les connaissances à l’aide desquelles on avait obtenu le progrès, et plus était libre le peuple qui désirait s’emparer du monopole,

    de 18 et la quantité de terre qu’embrassaient ces actes n’était que de 19.339 acres. De 1751 à 1760, ce chiffre s’éleva à 226 et la quantité de terre à 318.718 acres. Mais de 1760 à 1797, le premier chiffre s’éleva à 1.532 et le second à 2.804.197 ; et presque tous ces faits eurent lieu dans la période de 1771 à 1794.

  1. Le Times de Londres. Sur l’Exode de l’Irlande.