tion va croissant ainsi de toute part. Tout récemment on a proposé de faire du gouvernement une vaste compagnie d’assurances sur la vie, qui centraliserait entre ses mains toutes les propriétés administrées aujourd’hui par des compagnies de particuliers. Ceci ne serait qu’un pas nouveau dans la route que l’Angleterre parcourt depuis si longtemps. L’existence de ces compagnies, dans les vastes proportions où elles se développent aujourd’hui, est due entièrement à un système erroné, basé sur l’idée des matières premières et du travail à bas prix, système qui immobilise la terre, remplit les maisons de pauvres, et permet à quelques individus, possesseurs d’une grande richesse, de dominer assez les mouvements du trafic pour en écarter tous ceux dont les moyens pécuniaires sont médiocres et qui ne peuvent dépenser des milliards de livres sterling, dans leurs efforts pour anéantir la concurrence à l’intérieur et au dehors.
L’homme suit une marche constamment progressive, soit en avant, soit en arrière. Chaque pas fait vers la centralisation n’est que le prélude d’un pas nouveau et plus considérable ; et plus de progrès se sont accomplis en ce sens, dans les vingt dernières années qui viennent de s’écouler, qu’il n’en avait été fait dans le siècle précédent.
Conséquemment, l’amélioration n’a jamais lieu ; la pensée même en est repoussée
comme un songe ; c’est alors qu’arrivent les centralisateurs et les doctrinaires,
armés de toutes sortes de blâmes contre les autorités locales et les propriétaires
locaux, pour leur manque de connaissance et d’intérêt en de pareilles matières ;
immédiatement une grande section de l’administration de la métropole est mise
en action pour fournir, — c’est-à-dire pour soustraire artificiellement — aux
provinces l’énergie que le système parlementaire lui-même a comprimée à sa
source naturelle. De là résultent des dissidences, entre le sentiment des provinces
et les ordres venus de la métropole, et un nouvel amoindrissement de tout l’intérêt
qu’on éprouvait antérieurement pour le sujet en question. C’est ainsi qu’agissant
tour à tour comme cause et comme effet, une bureaucratie compacte tend constamment à se consolider de plus en plus ; et, sans certaines causes qui sont, jusqu’à ce jour, trop fortes pour qu’elle puisse en triompher, nous serions entraînés
bientôt sur la pente du système funeste de paralysation de l’Autriche et de la
France, malgré toute réforme purement électorale. » (Ibid.}
« C’est là le plus grand péril de la société anglaise ; le mal est loin d’être aussi
grand que chez les nations du continent ; mais l’Angleterre est déjà sur la pente
fatale. Il est temps, pour ses hommes d’État de reconnaître que le désir universel
et immodéré des emplois publics est la pire des maladies sociales. Elle répand dans
tout le corps de la nation une humeur vénale et servile, qui n’exclut nullement,
même chez les mieux pourvus, l’esprit de faction et d’anarchie. Elle crée une