terres des nobles émigrés et du clergé furent partagées entre le peuple ; et c’est aux effets neutralisateurs de cette mesure qu’il faut attribuer la force croissante de la France, malgré son système excessif de centralisation.
La Belgique et la Hollande nous offrent des exemples remarquables de l’efficacité de l’action locale pour produire des habitudes d’association. Dans ces deux pays les bourgs et les villes étaient nombreux, et les résultats de la combinaison des efforts se révèlent dans la fertilité merveilleuse de contrées qui, primitivement, étaient comptées au nombre des plus pauvres de l’Europe.
Dans aucune partie de l’Europe la division de la terre n’était aussi complète, ou la possession aussi assurée qu’en Norvège, à l’époque de la conquête de l’Angleterre par les Normands et avant cette époque ; et dans aucune autre partie, conséquemment, la puissance de l’attraction locale ne se manifesta aussi complètement. L’habitude de l’association y existait, conséquemment, à un degré alors inconnu en France et en Allemagne ; elle se développait dans l’établissement « d’une littérature indigène et qui vivait dans la langue vulgaire et l’esprit des populations[1]. » Ailleurs, le langage des classes qui ont reçu de l’éducation et celui des classes sans éducation différaient assez profondément pour rendre la littérature des premières complètement inaccessible aux secondes ; et, comme conséquence nécessaire, il y avait « absence de ce mouvement de circulation d’un même esprit et d’une même intelligence parmi les diverses classes qui forment le corps social, différant seulement de degré, et non de nature, chez les plus instruits et chez les plus ignorants ; absence de cette circulation et de cet échange d’impressions au moyen d’une langue et d’une littérature communes à tous, qui seuls peuvent donner l’âme à une population et en faire une nation[2]. »
La Norvège devançait aussi les autres nations, par ce fait que les travaux y étaient diversifiés ; ce qui fournissait une nouvelle preuve que l’habitude de l’association y existait. « Le fer, continue M. Laing, est le premier élément de tous les arts utiles, et un peuple qui peut le fondre après l’avoir arraché au minerai, et