CHAPITRE III.
DE L’ACCROISSEMENT DANS LA QUANTITÉ DE L’ESPÈCE HUMAINE.
Pour que la puissance d’association prenne de l’accroissement, et qu’il y ait parmi les hommes une augmentation d’activité, accompagnée d’un accroissement de la faculté de disposer en maître des forces de la nature, il faut qu’il y ait augmentation dans la quantité des individus occupant un espace donné, c’est-à-dire qu’en d’autres termes, la population doit augmenter en densité. Un fait démontre qu’il en a été ainsi ; c’est que la population de la France a doublé depuis le commencement du dernier siècle, ainsi que celle de l’Angleterre dans le siècle actuel, et que celles de New-York et de Massachusetts, qui, il y a soixante ans, ne comptaient que 700.000 habitants, en comptent aujourd’hui plus de 4.000.000.
La quantité de matière n’a pas cependant augmenté, et elle n’est pas susceptible d’augmentation. L’homme ne peut lui en ajouter aucune ; sa puissance se borne à effectuer des changements de lieu et de forme. Puisqu’il en est ainsi, il est évident qu’une partie de la matière qui existait antérieurement a revêtu des formes nouvelles et plus élevées, passant des formes simples du granit, du schiste, de l’argile ou du sable, aux formes compliquées et hétérogènes qui se manifestent dans les os, les muscles et le cerveau de l’homme.
Avec l’accroissement dans la quantité des individus qu’il fallait