Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/111

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nationaux, comme aussi d’aller les fabriquer à l’étranger. Voulaient-ils exploiter la houille, ils trouvaient interdiction aux mineurs anglais de s’expatrier. Il y a plus : En même temps que l’Angleterre faisait tout son possible pour les empêcher d’appeler la nature à leur aide, elle grevait de taxes les plus lourdes tous les produits de l’industrie étrangère, dans le but déclaré de se constituer elle-même l’atelier et l’unique atelier du monde.

Étudiant ensuite les discours des hommes d’État d’Angleterre, ils y rencontrèrent des déclarations à l’effet : que n’importe la perte énorme que le peuple anglais pouvait faire en vendant à des prix tellement avilis, il y trouvait en définitive un grand avantage. Le résultat infaillible, déclarait-on ouvertement, doit être d’anéantir l’industrie de toutes ces nations qui s’étaient trouvées protégées par les effets de la guerre et du système continental ; et un brillant avenir indemniserait du sombre présent. En tout ceci les peuples du continent ne pouvaient manquer de voir un effort déterminé pour empêcher les différentes sociétés du monde d’employer « leur capital et leur industrie » dans la voie « qu’elles jugeaient la plus avantageuse pour elles », et lorsqu’ils recouraient à Adam Smith pour avoir son opinion au sujet d’une telle manière d’agir, ils trouvaient qu’il « la dénonçait comme une violation manifeste des droits les plus sacrés des nations » — et qui, par conséquent, justifiait la résistance.

Venant ensuite à Colbert et Cromwell, les hommes qui avaient émis l’exemple de résistance au monopole du trafic et du transport, ils trouvèrent que leur marche avait été une marche de protection pour les intérêts en danger, et que cette protection avait produit tous les effets désirés. L’un avait visé principalement à favoriser le commerce domestique, et sous son système, poursuivi avec une fermeté remarquable, les manufactures avaient beaucoup grandi, et maintenant la France se fournissait à elle-même à si bon marché beaucoup des articles protégés par son système, qu’elle était en mesure d’en fournir le monde. L’autre avait visé principalement au trafic, et l’effet de sa politique avait été de mettre ses concitoyens en état de disposer d’une marine à un fret si modéré, qu’il leur permît de supplanter le monde, et encore de s’enrichir eux-mêmes. Passant aux successeurs de Cromwell, et étudiant la marche suivie par eux et ses effets, on vit que cette protection avait rendu les articles coton à si bon marché en Angleterre, que sa population allait