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Tout en détruisant ainsi le commerce, on s’efforça de l’édifier, au moyen de restrictions sur le négoce extérieur ; mais le fait positif que le commerce était détruit, conduisit nécessairement des milliers et des dizaine de milliers d’individus à s’engager dans la contrebande ; et le pays se remplit d’hommes toujours prêts à violer la loi, par suite du manque de demande pour l’effort physique et intellectuel. Les lois qui restreignaient l’importation de la marchandise étrangère, furent facilement violées, parce qu’elle avait grande valeur sous faible volume. Le système entier conséquemment tendit efficacement à empêcher l’artisan de prendre place à côté du producteur de subsistances et de laine, et il s’ensuivit la désolation, la pauvreté et la faiblesse de ce pays jadis riche et puissant.

Heureusement pour l’Espagne, cependant, vint le jour où elle perdit ses colonies et se trouva forcée de suivre la recommandation d’Adam Smith, — viser au revenu domestique. De ce jour jusqu’à présent sa marche, quoique lente, a été en avant, — chacune des années successives a apporté avec elle accroissement de la diversité d’emploi, accroissement du pouvoir d’association et de combinaison ; avec accroissement correspondant du pouvoir du peuple dans ses rapports avec le gouvernement et du gouvernement lui-même dans ses relations avec ceux des autres nations.

Au nombre des plus pressantes mesures relatives à l’émancipation de la France et de l’Allemagne, était le rappel des restrictions, l’achat et la vente de la terre, le grand instrument de production. Ça été la même chose en Espagne. Il y a quarante ans, vingt millions d’acres appartenaient à des hommes travaillant à la culture, tandis que le double était aux mains des nobles et du clergé. La vente des biens du dernier a depuis eu pour résultat que le chiffre de petits propriétaires cultivant leur propre bien s’est élevé de 273.000 à 546.000, et le nombre des propriétés de 403.000 à 1.095.000[1].

Un autre pas vers l’émancipation du commerce a été l’abolition d’une grande variété de petites taxes vexatoires, et parmi elles celles qui étaient payées précédemment sur le transit des matières brutes de manufactures. Elles sont aujourd’hui remplacées par un impôt

  1. L’Espagne en 1850, par M. Block, p. 145.