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largement toutes les utilités nécessaires pour l’entretien de ses pouvoirs. Nous allons voir, par les faits suivants, que ç’a été le cas de l’Allemagne à un degré prodigieux.

L’exportation de laine, à la Grande-Bretagne seulement, était, il y a trente ans, comme nous avons vu, de 28.000.000 livres ; mais, depuis lors, la production a tellement augmenté que, si la consommation domestique n’était pas plus grande, l’exportation aurait probablement doublé pour le moins. Non-seulement, cependant, tout le drap fait de cette laine se consomme maintenant dans le pays, mais il s’y joint une large quantité de laine étrangère — l’importation nette étant de 26.000.000 livres, tandis que l’exportation nette de drap n’est que de 7.000.000 livres. Additionnant ces deux quantités, nous n’obtenons pas moins de 50.000.000, et plus probablement 60.000.000, comme la quantité ajoutée à la consommation domestique en conséquence du rapprochement des prix des produits bruts et des utilités achevées[1].

Il y a vingt ans, l’importation, en Prusse, de coton et de filés de coton, était de 16.000.000 livres — n’ayant augmenté que de 6.000.000 dans les douze années qui s’étaient alors écoulées. Voici le mouvement qui s’est opéré dans le Zollverein pendant la période écoulée depuis.

1836. 1846. 1851.
Coton 152.264 cwts. 443.847 cwts. 691.796 cwts.
Filés de coton   244.869 574.303 676.000
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397.233 1.018.150 1.362.796

L’exportation de filés et de tissus dans cette dernière année montait à 159.241 quintaux — laissant pour la consommation domestique plus que 1.200.000 quintaux, et prouvant d’abord que le tissu de coton est devenu meilleur marché ; et en second lieu que le pouvoir de consommation a largement augmenté chez la population agricole. Cette augmentation était une conséquence nécessaire de l’agrandissement du marché pour le travail et pour les produits de la terre, résultat de l’extension de cette fabrication. Le poids des articles coton exportés était, comme nous l’avons vu,

  1. La consommation des étoffes de laine en Prusse, en 1805, était 3/4 d’une ell par tête. En 1842, elle s’est élevée à 13 ells. » Der Wolkswohlstand in Preuss Staate, cité par Kay, vol. I, p. 265.