Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 2.djvu/14

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res ; et le moulin à coton fait l’ouvrage de milliers de fuseaux et de métiers ordinaires ; mais la somme d’efforts musculaires et intellectuels appliqués à la transformation du blé en farine, et du coton en drap, augmente en même temps qu’avec l’accroissement de la somme de travail consacrée à l’agriculture, il se manifeste une augmentation rapide dans la quantité de blé et de coton que fournit la terre, accompagnée d’un progrès également rapide dans les goûts des consommateurs et dans leur pouvoir de les satisfaire.

Les choses se passent différemment par rapport à la quatrième période, et il en doit être ainsi, nécessairement. S’il n’y avait une augmentation considérable dans la quantité de blé et de laine, il ne pourrait y avoir aucun emploi pour les machines perfectionnées appliquées à l’œuvre de transport et de transformation de ces denrées, et qu’un très-faible emploi pour le commerçant. Quel avantage offrirait l’accroissement de nombre ou de puissance des navires, des moulins, des chemins de fer, ou des locomotives, s’il n’y avait une augmentation aussi rapide dans la quantité des matières premières extraites de la terre ? Tout dépend des individus qui consacrent leurs labeurs au développement de la puissance du sol, augmentant ainsi la quantité de denrées à transporter, à transformer et à échanger..

La chimie, nous le savons, traite de la matière qui n’est pas susceptible de progrès, et les molécules des corps dont elle s’occupe se combinent dans des proportions définies et immuables ; l’air atmosphérique se composait, au temps des Pharaons, et celui des Alpes et de l’Himalaya se compose, aujourd’hui, des mêmes éléments que celui qui nous environne. La science sociale, au contraire traite de l’homme qui progresse, depuis le moment où il est esclave de la nature, jusqu’à celui où il devient son maître ; et conséquemment, il en résulte qu’il y a un changement dans les proportions qui accompagnent le développement de la population et de la richesse, et l’accroissement du pouvoir d’entretenir le commerce. À chaque degré dans le progrès du changement, la société tend de plus en plus à revêtir une forme à la fois stable et belle, en acquérant une base plus large, en même temps qu’une puissance d’élévation correspondante, ainsi que nous le démontrons ici.

§ 5. — Plus le lieu de la conversion est proche de celui de la production, plus le pouvoir de combinaison s’accroît et plus l’économie des forces humaines se perfectionne. Plus s’accroît cette économie, plus le développement d’individualité devient général, plus la production augmente, et plus le progrès d’accumulation s’accélère.

Le tableau que nous avons présenté plus haut des proportions, suivant lesquelles la société tend naturellement à se partager,