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à la ville ou cité voisine ; et, plus il a pouvoir de le faire, plus le produit de son sol augmente, et plus la terre gagne en valeur, et aussi l’homme qui la cultive[1].

§ 8. — Développement graduel d’une agriculture scientifique.

Dans de telles circonstances, chaque nature de sol trouve son emploi[2]. Le caractère du sol de « chaque district, » dit M. Kay, « est étudié avec soin, et on détermine un assolement qui permette d’obtenir le plus haut rendement sans nuire à la terre ; et le bétail est bien logé, tenu à ravir, étrillé et soigné comme les chevaux de nos amateurs de chasse[3]. »

L’agriculture passe ainsi à l’état de science, et c’est pourquoi le pouvoir de la terre de donner la subsistance augmente à mesure que s’accroît la perfection à laquelle les denrées brutes de la terre

  1. « À midi, les marchés ferment, et avant une heure les places sont nettes, chaque trace est balayée, sans qu’il reste une feuille ou une cosse de pois pour en déposer. Vous trouvez-vous hors de la ville, vous rencontrez les paysans et les petits fermiers retournant par centaines à leurs villages à trois, cinq ou dix milles delà. Leurs paniers et leurs charrettes sont pleins de quelques débris de légumes, que la vache ou le cochon peut consommer ; aussi, ne voyez-vous jamais, — quant à moi, je ne l’ai jamais vu, — des piles de trognons de choux, ou de turneps et d’autres constituants de ces pyramides d’ornementation si communes à New-York. — Je n’ai jamais manqué, dans une ville allemande, de visiter les marchés. C’est un des meilleurs moyens d’étudier le peuple, outre que c’est un spectacle plein d’intérêt et amusant — dans les villes du Rhin surtout. » Correspondance of the New-York, Tribune.
  2. « Le fait que chaque demi boisseau de pommes de terre, ou une platée ou deux de fèves ou de pois se peut porter à la ville et se vendre au prix de détail, si bien que tout le profit à tirer va dans la poche du producteur, conduit à une perfection de culture sur chaque pouce de terrain, dont nous ne pouvons dans notre pays nous faire une idée. Point de terre au repos. Je visitais l’autre jour une petite suite de lots de terrain à bâtir, juste en dehors du rempart, près de la station du chemin de fer de Settin, et je liai conversation avec un homme qui butait des pommes de terre. Bien que le sol fut tout sable, il me dit que si les jardiniers pouvaient prendre possession de ces lopins de terre pour deux ou trois saisons, ils en donneraient un bon prix de loyer. Et d’après un gros tas d’engrais qui se formait dans un coin, il était clair pour moi que même un banc de sable peut se cultiver là où il y a stimulant suffisant. » Sur un côté de ce lot, on avait enlevé du sable à une profondeur de dix pieds, mais les pommes de terre (sur billons) étaient fort belles. Ceci me rappelle un jardinier allemand que j’ai connu à Brooklyn. Il prit un morceau de terre « une langue de chat, » — dans des lots à bâtir, — à loyer pour trois ans. C’était un sol dur, sec, foulé, ne promettant rien, qui aurait fait le désespoir d’un Yankee. La première année tout alla mal. La seconde il fit à peu près ses frais ; la troisième, l’homme et sa femme firent assez pour payer leur temps, leurs avances et les indemniser du premier travail. Je dois dire qu’il cultivait surtout des fleurs. — Dans de telles données, les légumes ne paieraient pas les frais. » Ibid.
  3. Social Condition, etc., vol. I, p. 118.