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Ici la question entre un prix élevé et un bas prix, qui diffèrent jusqu’à 37 %, dépend complètement d’une demande légèrement inférieure ou supérieure à la quantité produite. C’était dans la première condition que se trouvait le peuple de la Grande-Bretagne dans la période en question ; l’offre étant légèrement supérieure à la demande et ce léger excès le forçant d’aller à un marché lointain avec quelques 2 ou 3 % de la récolte, le prix reçu pour cette portion fixait le prix du tout. Il aidait ainsi lui-même constamment à la dépression des prix sur ce marché, et plus était grande la quantité envoyée, moindre était le prix obtenu pour elle. Aussi longtemps que les prix sur le marché domestique furent réglés par ceux obtenus sur le marché étranger, il eût été plus avantageux pour lui de jeter l’excédant de récolte à la mer que de le vendre.

La condition actuelle des fermiers américains est identique ; d’où il suit que, tandis que le prix des subsistances, la matière première du travail est en hausse soutenue en France, Danemark, Allemagne, Espagne et Russie, il est ici en baisse soutenue. Leur condition a aussi cette similitude que la quantité pour laquelle il faut trouver un marché étranger est si faible que si elle se perdait, la perte serait insensible. Cette perte même serait d’un grand avantage au fermier, car tant que tous les prix domestiques sont fixés par les marchés étrangers, l’effet de cette insignifiante exportation, en frappant les fermiers étrangers d’un abaissement de leurs prix, est accompagné d’un abaissement correspondant des prix domestiques ; —la perte s’étendant par là à la masse totale de subsistances produites.

Voici le tableau du montant des subsistances de toute sorte exportées des États-Unis, et le prix de la farine aux dates correspondantes :

Période. ____ Moyenne. Prix de la farine.
1821-25 13.000.000 dollars. ____ 6,20 dollars.
1826-30 12.000.000 6,20
1831-35 14.000.000 5,95
1836-40 12.500.000 8.00[1]
1841-45 16,000,000 5,16 dollars.
1846-50 39,000,000 (période de disette)   5,44
1850 26,000,000 5,00
1851 22,000,000 4,73
1852 26,000,000 4,24
  1. Les faits perceptibles aujourd’hui correspondant précisément avec ceux qui advinrent dans la période de 1836 à 1840, lorsque le prix du blé, pour le moment, éprouva une telle hausse, préparatoire à la grande baisse qui devait avoir lieu sitôt après. Alors, comme aujourd’hui, l’on avait cessé de construire usines et fourneaux. Alors, comme aujourd’hui, l’émigration vers l’ouest était immense et la la force combinée